Chronotachygraphe intelligent : ce que vous devez savoir si vous travaillez (ou démarrez) dans le transport routier

Le 22/05/2025

Chronotachygraphe intelligent : ce que vous devez savoir si vous travaillez (ou démarrez) dans le transport routier

Si vous avez mis récemment les pieds dans le monde du transport routier ou que vous démarrez une activité dans ce secteur, vous avez sûrement entendu parler du "chronotachygraphe intelligent". Depuis 2019, tous les poids lourds neufs doivent en être équipés. Mais pourquoi dit-on qu’il est "intelligent" ? Qu’a-t-il de plus que l’ancien modèle ? Et pourquoi tout le monde (autorités, entreprises, conducteurs) en parle ?

Dans cet article, on vous explique clairement et simplement :

À quoi sert ce nouveau chrono,

Ce que signifient les termes techniques comme GNSS, DSRC ou interface ITS,

Et pourquoi ce petit boîtier change (presque) tout dans le suivi des temps de conduite et les contrôles.

Le chronotachygraphe, c’est quoi déjà ?

Avant d’entrer dans le vif du sujet, un petit rappel s’impose.

Le chronotachygraphe, souvent abrégé "chrono", est un appareil installé à bord des véhicules de transport de marchandises (et de passagers) pour enregistrer plusieurs données clés :

Le temps de conduite,
Les pauses et temps de repos,
La vitesse du véhicule,
Les distances parcourues.

Objectif : s'assurer du respect des règles sociales européennes sur les temps de conduite et de repos pour garantir la sécurité routière et le bien-être des conducteurs.

Pourquoi parler de chronotachygraphe "intelligent" ?

Depuis le 15 juin 2019, tous les véhicules neufs soumis à l'obligation du chronotachygraphe doivent être équipés d’un modèle de nouvelle génération, appelé aussi chronotachygraphe intelligent (version 1).

Ce nouveau dispositif respecte le Règlement (UE) 165/2014, modifié par le Paquet Mobilité. Il inclut des fonctionnalités avancées pour lutter contre la fraude et faciliter les contrôles. Voici les principales nouveautés qui le rendent "intelligent".

Interface GNSS : la géolocalisation intégrée

La grande nouveauté est l'intégration d’un système de localisation par satellite (GNSS). GNSS, c’est le nom générique pour les systèmes de positionnement comme GPS (États-Unis), Galileo (Europe), ou Glonass (Russie).

Le chronotachygraphe intelligent enregistre automatiquement la position du véhicule :

au début de la journée de travail,

toutes les 3 heures de temps de conduite cumulé,

et à la fin de la journée de travail.

Cette fonction permet de mieux suivre les trajets, de détecter les fraudes au temps de conduite et de faciliter les vérifications en cas de contrôle.

Interface DSRC : un contrôle à distance plus rapide

DSRC signifie Dedicated Short Range Communications, soit communication à courte portée. C’est une liaison sans fil qui permet aux forces de l’ordre de lire certaines données du tachygraphe à distance, sans arrêter le véhicule.

Ce contrôle rapide, appelé aussi "précontrôle", permet aux agents de savoir si un arrêt est justifié. Seules des données spécifiques sont accessibles (ex. : soupçon de manipulation, défaut de carte conducteur, dépassement du temps de conduite).

Interface ITS : vers des véhicules plus connectés

C’est une interface qui permet de connecter le chronotachygraphe à d’autres systèmes du véhicule ou à des plateformes de gestion de flotte.

Concrètement, cela ouvre la voie à des services avancés :

Analyse des temps de conduite en temps réel,
Aide à la planification des tournées,
Intégration avec les logiciels de gestion de flotte.

Même si cette fonctionnalité est optionnelle pour l’instant, elle marque un pas de plus vers des camions plus connectés et plus intelligents.

Quel est l’intérêt de ce nouveau chrono ?

✅ Plus de transparence : avec la géolocalisation et la possibilité de contrôles à distance, les risques de fraude diminuent.

✅ Des contrôles plus efficaces : les autorités peuvent cibler les véhicules suspects et gagner du temps.

✅ Une gestion facilitée pour les entreprises : grâce aux données disponibles et à l’interconnexion, la gestion du personnel roulant devient plus fluide.

Et après ? La version 2 arrive !

Depuis août 2023, une version 2 du chronotachygraphe intelligent est progressivement déployée. Elle intègre :

La localisation plus fréquente,
L’enregistrement du passage de frontières,
La détection du chargement/déchargement.

Ces nouvelles données permettront une meilleure application des règles du Paquet Mobilité, notamment pour les opérations de cabotage ou le retour du véhicule à son pays d’origine.

Et pour les Véhicules Utilitaires Légers (VUL) ? Le chronotachygraphe devient aussi obligatoire en 2026 !

À partir du 1er juillet 2026, une nouvelle obligation entre en vigueur : les véhicules utilitaires légers (VUL) utilisés pour du transport international ou cabotage seront eux aussi soumis à l’installation d’un chronotachygraphe numérique de deuxième génération.

Cela concerne les VUL dont le poids total autorisé en charge (PTAC) est compris entre 2,5 et 3,5 tonnes.

Cette mesure, prévue par le Paquet Mobilité européen, vise à renforcer l’équité entre les transporteurs et à lutter contre le dumping social dans le secteur. Concrètement, ces véhicules devront enregistrer les temps de conduite et de repos, tout comme les poids lourds.

Une vraie révolution pour les petites flottes et les artisans du transport, qui devront s’équiper, former leurs conducteurs et s’adapter à cette nouvelle exigence réglementaire.

Qui sera concerné par l'obligation ?

Selon le Paquet Mobilité, l’obligation s’applique aux véhicules utilitaires légers (VUL) dont le PTAC est compris entre 2,5 et 3,5 tonnes, utilisés pour le compte d'autrui dans les cas suivants :

Transport international (frontalier ou au long cours),

Opérations de cabotage (transport intérieur temporaire dans un autre pays de l’UE que celui d’immatriculation),

Et dans certains cas, à des opérations nationales, lorsque les règles européennes s'appliquent (par exemple, si un État membre étend l’application du règlement 561/2006 à son propre territoire pour ce type de véhicules).

En résumé

Transport règlementation sociale contrôle